Posted: Wed 13 Oct - 20:39 (2010) Post subject: Jerry Kelley
Jerry Kelley (1922-2002)
Avant-propos
Je pense qu’avant de présenter la compilation des quelques informations trouvées sur le net, une lecture ou une relecture de l’article fait par Ballystic, fan de Jerry Kelley, membre de FlipJuke mais aussi de Rétroflip, s’impose.
J’ai également compilé les informations glanées sur FJ de deux autres « post » où Ballystic et Jean-Pierre Cuvier ont discuté à bâtons rompus….Pour information, Jean-Pierre Cuvier a écrit des articles dans le magazine TILT ainsi que des livres…Il a connu Christian Marche et l’a rencontré dans le cadre de ses articles…Je pense même qu’il étaient devenus proches….
Jean-Pierre Cuvier : Jerry Kelley est pour moi plus intéressant sur un plan plus « général » pour ne pas dire « politique ». Il a dégommé en fait « Advertising Posters » en conduisant Bally à constituer un département « art » , copié par Williams à la fin des années 70 . Ces marchands de décors qui interdisaient à ses salariés artistes de signer leur travail, de parler à des journalistes, j'en passe et des meilleures, ont été remis à leur place, le temps aidant, par le court-circuit organisé à l'origine par Kelley. Indéniablement, qu'on aime ou qu'on aime pas, il a marqué cette époque et finalement en peu d'années. Et, dans la vie comme on trouve toujours quelqu’un de plus malin que soi , il s'est fait lui aussi court-circuiter et s'est retrouvé sur la touche avec un poste « honorifique » chez Bally...
Ballystic : En savez-vous plus long sur les rapports qu'ont entretenu ces deux grands dessinateurs ?
Jean-Pierre Cuvier : En fait, tout cela est beaucoup, beaucoup plus compliqué et difficilement explicable en quelques lignes... Il faut bien comprendre que Kelley a provoqué des soucis à l'entreprise (Advertising Posters) dans laquelle « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil » n'est pas vrai. L'entreprise a vu dans Christian Marche un style approchant ou une mode celle de Kelley (artiste free-lance) qui la court-circuitait auprès de Bally. Cela a provoqué l'embauche de Christian Marche. Kelley a provoqué ainsi l'établissement d'un département artistique chez Bally, qu'il a dirigé je crois, peu productif les premières années ; il faut dire que Bally est alors producteur de machines de tout poil. Williams a fait de même un beau jour et Christian Marche est rentré en France. Je crois que TRI ZONE a chevauché les autres travaux du département artistique de Williams qui commencent avec PHOENIX.
Ballystic : Comment se sont-ils trouvés à travailler pour les société de jeux plutôt que pour la presse, la bande dessinée, l'illustration commerciale ? Avaient-ils des contacts avec des graphistes d'autres milieux ? Qu'ont-ils fait après le temps passé à créer des flippers, temps parfois court pour certains ?
Jean-Pierre Cuvier : Christian Marche a obtenu le premier prix de peinture de la ville d'Aix en Provence il y a une dizaine d'années (dans les années 90). Christian Marche aurait du diriger « l'entreprise » artistiquement car devenu le plus ancien mais il ne cachait pas son souhait de repartir en France à Gordon Morison qui souhaitait ce poste. Cela en a fait des amis et non des concurrents durant 7 ou 8 années . Kelley n'a pas à mon sens côtoyé Christian Marche, ou très peu de temps. Kelley (free-lance) devait avoir un bureau à son tout début dans « l'entreprise », il devait apporter crayons, pinceaux, tout le toutim, son travail était proposé aux constructeurs et payé si son travail était vendu... Il a vite court-circuité l'entreprise avec Bally ! D'autres free-lance sont passés ensuite sans pour cela griller les étapes... (Dick Caspers est dans ce nombre). Les free-lance ne pointaient pas puisque sans salaire fixe . Christian Marche le voyant arriver et partir à des heures fantaisistes s'est imaginé pendant des semaines que c'était quelqu’un de la direction !
Informations issues d’internet
Par son graphisme, Jerry Kelley donna une apparence totalement nouvelle aux flippers dans les années 60. A un novice du flipper, ce nom ne dira rien du tout et même ceux qui ont joué sur les appareils de cette époque, ne le connaissent pas non plus. Jusqu'au milieu des années 60, les glaces de flipper étaient habituellement des personnes, animaux et objets de toute sorte représentés avec des détails relativement exacts dans des couleurs naturelles.
Jerry Kelley n’était pas au départ dessinateur pour les flippers. Il travaillait sur les jeux de bowling pour la firme United spécialisée dans ces appareils comme par exemple l’Oasis de juin 1965. Le même mois, son premier flipper Pot’O’Gold (Williams) venait sur marché. Une manière complètement nouvelle de concevoir l’illustration des flippers sautait aux yeux des joueurs.
Lors du Pinball Expo de 1991, Jerry Kelley fit une présentation appelée « Contemporary Pinball Art of the Sixties ».
Jerry Kelley présenta d'abord quatre glaces de fronton qu'il a dessinées :
Capersville (Bally 1966)
Mini-Zag (Bally 1968)
et RockMakers (Bally 1967)
puis celle du A-Go-Go (Williams 1966).
Il nous dit qu'il a composé un marque-page qui nous serait offert, sur lesquels étaient imprimés les noms et les dates de toutes les glaces qu'il avait réalisées. Il a alors ajouté qu'il allait nous donner une idée "de ce que c’était dans les années soixante".
Jerry nous a alors raconté que, quand Rob Berk lui a montré une fois une liste d'artistes de flipper du passé, il a dit à Rob qu'il n’avait aucune idée ce que les autres avaient fait, ajoutant qu'à cette époque il était une sorte de solitaire.
Jerry a dit que son premier travail dans l'industrie des machines à monnayeur était pour dessiner des machines de type bowling pour la firme United. Il a alors dit que quand le Shuffle Alley est sorti, United lui a demandé de dessiner les côtés des caisses. Quand il a critiqué l'art style années 30 utilisé, il a été appelé par le président de la société Lyn Durrant.
Jerry lui a dit : « vous ne pouvez pas continuer de faire ce truc des années trente encore longtemps, vous devriez le faire de façon plus contemporaine ». Quand Lyn l'a invité à aller déjeuner avec lui, Jerry a dit « je savais que j'étais dedans ».
Jerry nous a ensuite dit que Advertising Posters surveillait de près le travail sur les glaces de fronton avec leur personnel, ajoutant qu'il pensait toujours qu'ils avaient fait du bon travail. Il a alors commencé à parler des étapes lorsqu’il créait une nouvelle glace. D'abord, on lui donnait une directive de fabrication concernant le plateau et la glace indiquant notamment les positions des compteurs de score et les éléments du plateau de jeu ; il devait ensuite faire son dessin autour. De cela, il créait une plaque noire à laquelle il ajoutait alors des couleurs.
Jerry nous a alors dit qu'il aimait utiliser certains noirs dans ses dessins, mais que l'industrie s’y refusait car le noir avait une connotation morbide. Il a réussi à convaincre ensuite pour utiliser finalement plus de noir dans son illustration.
Il a aussi convaincu les fabricants que les jeux devaient être passionnants. Il a ensuite raconté avoir reçu sa première lettre de fan en 1977 d'un homme de Floride qui l’a traité de génie.
Il a parlé de petites choses qu’il mettait dans ses dessins et a décrit les personnages sur la glace Rockmakers et ce que chacun faisait. Il a aussi raconté comment il a équilibré l’utilisation de noir en mettant la couleur autour. Jerry nous a alors montré les dessins de trois de ses glaces dans le livre de Michael Colmer « Pictorial History of Pinball » qui est sorti dans les années 70, faisant des remarques de la bonne qualité de la couleur dans le livre.
Jerry a expliqué qu'il avait créé les noms pour tous ses jeux et qu'il a essayé de donner un message à travers ses dessins. Il ajouta alors que pour la création de la glace du Beat Time (Williams 1967), il avait utilisé des caricatures des Beatles, mais en les appelant les Bootles probablement pour éviter un procès.
Quand il a été demandé aux personnes présentes si elles avaient des questions, la seule chose demandée fut : Ted Zale a-t-il conçu la plupart de vos jeux ? Jerry a répondu qu'il n'a jamais su qui concevait ses jeux.
Jerry finit en racontant une histoire concernant Sam Stern de Williams et sa préférence des couleurs. Sam aimait la plupart des rouge, blanc et bleu utilisés dans l'illustration et n’a pas aimé quand Jerry a utilisé d'autres couleurs sur le Pot of Gold. Quand lui et Sam en discutaient, Gary Stern, le fils de Sam qui était à l'université à l'époque est entré et a entendu la conversation.
Jerry a dit qu'après que Gary a dit à son père que le Pot 'O' Gold gagnait la bataille des emplacements et où d'autres jeux Williams n'étaient pas, Sam n'a jamais plus parlé du rouge, blanc et bleu de nouveau. Avant de terminer, Jerry nous a affirmé que la seule chose qui l'ait sauvé après la fin de la deuxième guerre mondiale était d’avoir obtenu un diplôme dans une école d’art.
Pot 'O' Gold (Williams 1965)
En mai 1996, Chad Dresbach présente sa thèse intitulée « l'art et la conception de flipper ; proposition pour plus de machines conçues esthétiquement » pour l’obtention du master en art à l’université d'état du Kent en l'Ohio où il parle notamment des glaces de fronton.
Après la citation d'un auteur de livre de flipper déclarant que les glaces du flipper sont « l'aspect le plus important du jeu », Chad Dresbach fait remarquer que même si le dessin du plateau ne peut pas affecter la disposition des composants ou le jeu lui même, les graphismes servent pour enregistrer l'impression initiale d'une machine sur un joueur. Les glaces de fronton ont un effet semblable à une publicité sur un panneau d'affichage.
Pour ces raisons, le graphisme de flipper n'est pas considéré comme un art puisqu’on ne trouve pas de machines dans des musées et des galeries d’art, mais reflète des choses associées aux rues de la ville, les thèmes étant aussi proches de leur auditoire en utilisant des principes empruntés à la publicité et des motifs et influences contemporaines.
En parlant au sujet des styles d'art de flipper, Chad Dresbach a commencé par faire remarquer, comme dans le cas de l'art, il est possible d'identifier le travail d’artistes de flipper spécifiques avec des conventions stylistiques récurrentes. Il alors fait référence à quelques exemples du travail de Jerry Kelley produit pendant la période de 1966 à 1971.
Chad a alors fait remarquer que le style de Kelley l'a distingué des autres dessinateurs de glace de flipper contemporains et qu’il a ensuite été imité par d’autres.
Il a poursuivi, quant à la pertinence de l'illustration en ce qui concerne le thème du jeu. Stylistiquement, Kelley a fait une approche similaire quelque soit le thème occultant apparemment une approche individuelle nécessitée par un thème particulier. La machine basée sur un thème western est traitée pratiquement de la même façon qu’un thème de crime.
Les illustrations de Jerry Kelley ont semblé imiter une forme de cubisme qui est une référence dans l’art. Chad Dresbach a fait remarquer que le but de l’illustration de flipper est d'augmenter l'attrait de joueur, ce qu'il n'a pas fait même si le travail de Kelley était réussi. Cependant, Jerry Kelley a continué, son travail a été utilisé sur beaucoup de machines, distinguant ces jeux et ce fut une tentative à l'emprunt de l'art même si ce n'était pas populaire.
En commentaire final de l'illustration de Kelley, Chad Dresbach a comparé l’illustration cubiste avec une glace de fronton de 1964. Dans cet exemple, il fait remarquer que Kelley est capable de remettre les figures humaines d’une autre façon que l'angularité abstraite, ajoutant qu’il y a au moins une tentative de Kelley pour s'approcher du thème du jeu avec une sensibilité au sujet traité.
En 1997, Tim Ferrante dans son article « The Flipper Age of Dinosaurs » parle des glace de flippers avec des dinosaures représentés.
Dans mes recherches du premier flipper où apparaît un dinosaure, nous avons découvert que le tout premier jeu est apparu en août 1968 (une autre source dit novembre 1967) avec Rockmakers de Bally. Il est, à moins que nous n'ayons manqué une certaine singularité cachée, le premier jeu dont le thème dessiné à pour cadre la préhistoire. L'artiste Jerry Kelley, connu pour son style exagéré et parfois angulaire, a créé un paysage passé bizarre à la description exagérée.
Son scénario d'habitants déformés, occupés eux-mêmes sans tâche particulière les place dans un cadre quelque peu surréaliste, enchantant l'observateur pour l'étudier de plus loin encore. Pendant que certains peuvent critiquer l'exactitude du brontosaure de Kelley, c’est vraiment pour le jeu une idée ingénieuse pour captiver un spectateur. L'artiste ignore l'exactitude scientifique et séduit l'attention du joueur avec son style unique. Après tout, les flippers doivent attirer et extraire de l'argent à leurs admirateurs.
Autres glaces dessinées par Jerry Kelley
Cosmos (Bally 1968)
Dogies (Bally 1967)
Gator (Bally 1968)
Joker (Bally 1968)
Surfer (Bally 1967)
The Wiggler (Bally 1967)
Race Way (Midway 1963)
Jerry Kelley a aussi créé le logo Williams, le W encerclé, symbole de l’entreprise à partir de 1962.
Il a créé également le logo Bally « Harlequin » des années 70.
dont une sculpture ornait le bâtiment de l’usine Bally.
Jerry K. Kelley est décédé le 8 septembre 2002. Il était âgé de 80 ans.
Posted: Fri 15 Oct - 07:31 (2010) Post subject: Jerry Kelley
Beau boulot. _________________ Convertis-toi au flipper mécanique, tu reviendras à la source (Evangile selon St Meca, psaume II, verset IV ). C'est parce que la vitesse de la lumière est plus élevée que celle du son, que certains paraissent brillants avant d'avoir l'air con.
Posted: Sun 17 Oct - 20:29 (2010) Post subject: Jerry Kelley
un artiste qui a vraiment une place à part entière dans le monde du flipper. rien à voir avec les copies qu'a pu faire Christian marche de ce style dans les années suivantes. le top est sans doute la glace de pot a gold, suivit de celle de a go go et de capersville. il n'a pas fait tant de flip que ça.