Grenoble 1968

D’après un document SHUSS-SHOW du 9 Octobre 1967 Patinoire des Champs-Elysées

du Comité d’Organisation des Xes Jeux Olympiques d’Hiver – GRENOBLE 1968

SHUSS STORY


OU EST NE « SHUSS »

A PARIS dans le XVIIe arrondissement à mi chemin de la Plaine Monceau et des pentes de Montmartre. On ne choisit pas son lieu de naissance n’est-ce-pas ? Peut-être eut-il été plus logique que SHUSS naisse sur un sommet alpin, eh bien non, il est né au n°48 de la rue de Lévis dans le petit studio de prises de vues que « FILMS et PROMOTION » a récemment installé dans une arrière-cour aussi discrète que pittoresque. Inattendu et surprenant ce plateau de cinéma niché au cœur de la rue la plus grouillante, la plus bruyante, le plus commerçante du quartier, où les automobiles n’ont pas droit d’accès.

Comment SHUSS a-t’il réussi à se faufiler entre les voiturettes des marchandes de quatre-saisons et les étals odorants qui envahissent la chaussée ? Nous le demandons à sa créatrice Aline LAFARGUE.

COMMENT EST NE « SHUSS »

En janvier dernier j’étais en plein tournage du « Petit Lion » le feuilleton pour les enfants que « FILMS et PROMOTION » produit en coproduction avec l’ O.R.T.F. Mon « Petit Lion » m’absorbait 16 heures sur 24, et j’étais bien loin de penser aux Jeux Olympiques d’Hiver 1968. C’est un soir de ce mois de janvier vers 19 heures, à l’heure où la rue de levis hurle en chœur discordant le prix de la laitue soldée et du camembert presque donné, que tout a commencé.

L’agence PUBLINEL faisait appel à « FILMS ET PROMOTION » pour soumettre d’urgence un projet de personnage pour les J.O. d’Hiver. Il fallait apporter le projet le lendemain dans la matinée.

Cette proposition fondait sur ma tête comme la foudre. Dans ces cas-là, il n’y a pas à s’affoler – douze ans de travail pour les scénario de films publicitaires m’ont donné, non seulement du métier, mais surtout une bonne dose de philosophie.

J’avais devant moi très peu d’indications directrices, mais à portée de ma main un crayon, un gros bloc de papier et toutes les heures de la nuit.

Un petit tour d’horizon rapide sur la faune publicitaire me fit évincer dès le premier moment tout animal à plumes ou à poils. Notre coq gaulois bien sûr aurait pu avoir l’honneur de représenter ces J.O. d’Hiver qui sont un exceptionnel événement pour notre pays. Mais ce cher coq gaulois, outre tous les monuments aux morts dont il est l’ornement, a déjà soutenu tant de ballons ronds ou ovales, tant de bicyclettes, tant d’avirons et tant de produits à manger ou à boire ! De même pour la faune montagnarde, je chassais le chamois… de mon esprit, ainsi que l’izard, le dahu, le chien Saint-Bernard et jusqu’à l’abominable homme des neiges, dont on ne sait s’il est homme ou  animal.

Après ce tour d’horizon, j’étais devant une page blanche, aussi blanche et vertigineuse que les pentes de CHAMROUSSE ou les pistes de VILLARD DE LANS.

C’est dans cette blancheur de neige que « SHUSS » vint à la pointe de mon crayon à la suite d’un raisonnement évident : pour nous français le sli, qu’est-ce, sinon notre équipe de France ? Son style, sa force, son prestige, sa valeur incontestable et aussi sa sympathique et dynamique jeunesse !

Mon parti étais pris, le symbole des J.O. d’Hiver 1968 serait un personnage jeune, gentil et dynamique, inspiré de la célèbre méthode française, de ce style lové, de cette position en œuf qui s’approche  de la position fœtale. Allier la force à la vitesse, évoquer le dynamisme dans une attitude statique voilà le problème que je me posais.

C’est ainsi qu’aux dernières heures de la nuit naquit le petit personnage à tête d’œuf portée par l’éclair zigzagant de son unique pied.

Dans la matinée il était examiné à l’Agence PUBLINEL et comparé aux nombreux autres projets, car il lui fallait à présent triompher de l’inévitable zoo de chamois, izard, dahu, ours, chien Saint-Bernard et homme des neiges déjà apportés par d’autres créateurs.

Dans ma hâte je n’avais oublié qu’une chose, lui donner un nom ! Cet oubli fut vite réparé par le Président Directeur de PUBLINEL lui-même, car en voyant cet inattendu petit bonhomme, Monsieur GERBAIN s’écria spontanément : « C’est SHUSS »…

Et après… SHUSS revint de GRENOBLE agréé par le Comité d’Organisation  des Jeux Olympiques. Il fut décidé de sa carrière cinématographique et « FILMS et PROMOTION » fut appelé à produire les films qui passeront bientôt sur la deuxième chaîne de télévision.

Alors commença pour SHUSS une autre histoire. Il fallait lui écrire des scénario, lui donner une voix, et accompagner ses actions d’une musique. Pour les scénario, pas de problème, c’est mon métier. Pour la voix, je n’eus qu’à montrer le personnage à Jacques Bodoin pour qu’il accepte aussitôt de lui prêter la sienne. Il faut souligner que ce prestidigitateur vocal de grand talent fait parler à lui seul quatre personnages différents dans mon « Petit Lion ».

Pour la musique Robert VALENTINO sollicité me proposa plusieurs thèmes musicaux dont j’ai retenu une petiote valse sur un arrangement jazz aussi montagnard que pittoresque. Et, pour accentuer l’impression auditive de « plein-air » et de fraîcheur  de cette musique j’ai demandé à Micheline DAX de siffler le thème en surimpression sur l’orchestration. Je ne connais pas un homme qui siffle aussi bien que Micheline DAX, car cette merveilleuse comédienne, si elle parle de bronze et chante de cristal, trouve encore le moyen de siffler d’oiseau.

Ainsi comblé SHUSS passa le mois d’août dans la neige sur le plateau  de « FILMS et PROMOTION », et tandis que les melons de l’été embaumaient la rue de Lévis nous battions tout PARIS pour trouver des sapins… Mais, à SHUSS rien d’impossible !

LA VOIX DE SHUSS

Nous avons demandé à Micheline DAX et à Jacques BODOIN qui prêtent leurs voix à SHUSS ce qu’ils pensent de ce prodigieux bonhomme.

Micheline DAX

« SHUSS ! C’est moi en rêve, oui hélas seulement  en rêve car en réalité… la première fois que je suis allée aux sports d’hiver et que j’ai mis les pieds dans la neige, un monsieur compatissant m’a immédiatement demandé si j’étais blessée…ce qui vous laisse imaginer l’aisance de ma démarche… »

Jacques BODOIN enchaîne :

« Alors que SHUSS c’est le contraire, tout le contraire de « claudique » à l’école ! »

Jacques BODOIN dit aussi de Colette RENARD la marraine de SHUSS :

 

 

 

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